Ensemble contre la BVD
Objectif
Après plus de trois ans de préparation, le GDS des Vosges met en place un Programme Collectif Régional d’Eradication (PCRE BVD).
Ce programme est coordonné par les GDS Grand Est et est en cours de déploiement dans les régions Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne et Franche-Comté. Plus de 20 000 éleveurs sont concernés.
En effet, plusieurs études européennes et Françaises démontrent que la BVD coûte en moyenne «11€/1000 litres» aux éleveurs laitiers, soit pour un élevage moyen vosgien plus de 3000 € de pertes par an, et les pertes sont identiques en élevage allaitant.
En cas d’épisode clinique dans un élevage, les pertes peuvent dépasser 20 000 €.
Et dans notre département, un élevage subit la BVD en moyenne tous les 5 ans !
Face à ce constat, nous sommes obligés de réagir et d’agir !
Après 17 ans de lutte individuelle, les GDS du Grand Est ont fait le constat que seule une lutte collective pouvait avoir un impact positif pour l’avenir sanitaire des troupeaux.
En prenant modèle sur les initiatives suisses, allemandes, luxembourgeoises et belges, les GDS Grand Est et le GDS des Vosges ont construit un Programme Collectif Régional d’Eradication de la BVD, véritable bombe à retardement dans les élevages et cause prioritaire des dégâts cliniques.
Cette nouvelle action est faite pour les éleveurs : engagez-vous !
Il suffit de vous déclarer volontaire au GDS.
Dans un an, cela deviendra obligatoire, donc inutile d’attendre pour s’y mettre.
1an de perdu, c’est 1 an de perte en plus.
Pourquoi un programme collectif d’éradication de la BVD ?
La BVD : contamination
La BVD entraîne de nombreux dégâts autant individuels que collectifs. En effet, la BVD n’est pas présente uniquement dans une exploitation, mais elle circule entre les élevages en raison du voisinage de parc des femelles gestantes dans notre département notamment. C’est la source principale de contamination de la maladie.
En moyenne, dans le département des Vosges, un élevage a entre 6 et 7 voisins de parcs différents. Ce qui impose de gérer la BVD de façon collective, si l’on veut réduire significativement les effets (comme pour la brucellose, le varron, l’IBR, même si c’est légèrement différent).
L’autre mode de contamination est l’achat de bovin positif : soit virémique, soit IPI, cela concerne environ 2% des bovins achetés.
Dans les élevages atteints, la circulation virale engendre une baisse d’immunité générale, ce qui crée une sensibilité aux autres maladies. On observe une augmentation du nombre d’animaux malades (diarrhées, problèmes respiratoires, etc.), ainsi qu’une recrudescence des troubles liés à la reproduction (avortements, malformations, etc.). Des animaux IPI (Infectés Permanents Immunotolérants) naissent et le nombre de morts s’aggrave (chiffres étude GDS88 : en moyenne, augmentation de 40% de la mortalité des veaux). Tout ceci engendre une élévation des problèmes sanitaires et donc des frais vétérinaires.
De plus, plus de 80% des veaux qui naissent IPI mourront avant l’âge de 2 ans, et pendant cette période, les IPI excrètent sans cesse du virus dans l’élevage.
BVD : Incidence
Lorsqu’elle touche un élevage, l’infection peut persister durant 2 à 3 ans et parfois plus longtemps. Durant les premières années, une partie des bovins du cheptel s’immunise naturellement lors du contact permanent avec le virus, mais pas la totalité. Puis au bout de 5 ans en moyenne, si la vaccination n’est pas suivie, le cheptel se renouvelle et de nouveaux bovins séronégatifs apparaissent car ils n’ont jamais rencontrés le virus. La maladie a de fortes chances de ressurgir sur ces animaux non protégés.
Tous les ans, une exploitation a 20% de malchance de se contaminer. C’est principalement en raison du contact entre les animaux des parcs voisins que la maladie réapparaît. La gestion individuelle de la maladie ne sert à rien, car chaque année, des élevages qui se sont contaminés il y a plusieurs années, se re-contaminent. Ce n’est pas satisfaisant !
BVD : rôle de l’IPI ?
L’IPI (Infecté Permanent Immunotolérant) est un bovin issu d’une mère séro négative qui a été contaminée entre le 1er et le 4ème mois de gestation. Le virus a intégré l’organisme du foetus et celui-ci fait partie de lui. Cet animal ne fabriquera jamais d’anticorps et sera excréteur à vie d’une grande quantité de virus. Il sera LE véritable danger pour les animaux environnants.
Ainsi, l’animal IPI est une bombe à virus qu’il faut éliminer le plus rapidement possible. De toute manière, plus de 80% mourront avant l’âge de 2 ans. Il est donc inutile de dépenser des frais d’élevage pour finir à l’équarrissage.
Ces animaux sont souvent non perceptibles et peuvent contracter à tout moment la maladie des muqueuses et mourir en quelques jours.
Pour plus de 50% des IPI, il est impossible de les repérer à l’œil nu. Les IPI peuvent donc aller aussi bien en pâture qu’en bâtiment et/ou être vendu indifféremment. On ne peut les déceler que par les analyses de laboratoire.
D’où notre action collective pour supprimer leur création, leur mouvement (parcs, vente), les détecter le plus précocement et les euthanasier rapidement.
BVD et Vaccination
La protection vaccinale individuelle est nécessaire, mais non suffisante. Pour être vraiment pleinement efficace, elle doit être entreprise chez tous les éleveurs à condition d’utiliser un vaccin à protection fœtale dont l’action contre la création d’IPI a été cliniquement prouvée. A ce jour, 3 vaccins BVD ayant démontré leur efficacité sont recommandés par le GDS
Producteur | Protection fœtale | Primo vaccination | Rappel | |
---|---|---|---|---|
Bovilis | MSD | 6 mois | 2 injections à 30 jours d’intervalle | tous les 6 mois |
Bovela | Boeringher | 1 an | 1 injection | annuel |
Mucosiffa | Mérial | 1 an* | 1 injection | annuel |
Le choix du vaccin et du protocole de vaccination sont du ressort exclusif de votre vétérinaire.
Dans les Vosges, 70% des IPI détectés sont issus des primipares et sont à l’origine de l’introduction du virus dans les exploitations. Ainsi, le GDS préconise à minima de cibler la vaccination sur ce type d’animal : les génisses gestantes allaitantes et laitières avant leur première IA et ce à chaque nouvelle génisse future gestante. Dans le cas d’une contamination récente ou en cours, nous recommandons la vaccination complète de toutes les vaches, sans oublier les taureaux reproducteurs.
Tant que le virus n’est pas éradiqué dans notre région, la vaccination est une nécessité économique et un investissement rentable.
BVD : comment s’en sortir ?
Pendant 20 ans, le GDS 88 a mis en place des plans individuels d’assainissement sans réel succès. Bien que le résultat individuel pour chaque élevage soit favorable, le bilan global reste sans effet. En moyenne, 10% des plans BVD rechutent chaque année. Cela signifie que la maladie circule beaucoup entre les élevages. Comme pour les maladies règlementées (IBR, Varron, etc.), la seule solution est l’action collective ! Cette solution, déjà adoptée par de nombreux pays (Suisse, Pays Scandinaves, Autriche, etc.) a déjà fait ses preuves ! De nouveaux pays ont débuté l’éradication comme l’Allemagne en 2012, la Belgique en 2014, le Luxembourg en 2015 et l’Irlande en 2014.
Alors qu’attendons-nous ?
Dans notre pays où, soit disant, nous vantons notre excellence sanitaire, nous prenons du retard sur nos partenaires concurrents.